Les organisations de défense des Droits de l’Homme somment les autorités iraniennes d’entendre les prisonniers politiques kurdes en grève de la faim depuis un mois.
Ce jour, vingt-deux organisations de défense des Droits de l’Homme enjoignent très fermement les autorités iraniennes de répondre immédiatement aux inquiétudes qui pèsent sur la santé et la sécurité de 27 prisonniers politiques kurdes en grève de la faim à la prison centrale d’Orumiyeh depuis un mois.
Ces mêmes organisations demandent également aux autorités iraniennes d’enquêter en remédiant sur le champ aux violations de leurs droits que ces hommes subissent manifestement depuis leur détention.
Les prisonniers politiques Kurdes concernés, détenus à la prison centrale d’Orumiyeh (Wermê) protestent contre les conditions de détention qu’ils subissent depuis le 20 novembre 2014. Par la grève de la faim, ils s’opposent à leurs transferts répétés vers les ailes de la prison habituellement réservées aux prisonniers convaincus de crimes violents ou de meurtres et, en sens inverse, à l’installation de tels détenus dans la partie de la prison normalement dévolue aux prisonniers politiques (aile 12). La loi iranienne impose qu’un traitement humain soit réservé à tous les prisonniers et spécifie tout particulièrement que les détenus politiques soient séparés des « droits communs » convaincus de crimes graves.
« Quand il s’agit d’appliquer la Loi, le premier devoir est de respecter la Loi. Malheureusement les responsables de la prison appliquent mal, voire ignorent délibérément les principes de répartition en vigueur » déclare l’avocate experte des Droits de l’Homme, lauréate du prix Nobel de la Paix, Shirin EBADI. « En refusant de séparer les différents types de prisonniers, ces mêmes responsables ont créé un environnement de tension décuplée dans lequel tous les prisonniers, sans distinction de leurs prétendues fautes, se voient infligés des traitements violents et disproportionnés »
Les autorités de la prison ont tenté par la pression de mettre fin à cette grève au moyen de menaces d’exécution, de tabassages ou de transferts au sud, au sein de prisons situées loin de la partie kurde du pays, dans le nord-ouest de l’Iran. En dépit de cela, les prisonniers sont parvenus à faire savoir aux organisations de défense des Droits de l’Homme qu’ils continueraient, sans violence, leur grève de la faim jusqu’à ce que leurs revendications soient entendues.
De récents témoignages indiquent que, suite à ce mois de grève de la faim, plusieurs prisonniers parmi lesquels Reza RASOULI, Yusef Kaka MAMI, Sherko HASANPOUR, Sirwan NAJAWI, Abdullah OMUMI et Mohammad ABDOLLAHI sont en piteux état.
L’article 39 de la constitution de la République Islamique d’Iran interdit toute atteinte à la dignité des personnes détenues. Plus encore, les modalités de répartitions des prisonniers en vigueur au sein des prisons iraniennes, comme l’application du principe de séparation et de classification des prisonniers imposent la distinction des détenus selon le degré de leurs crimes.
En dépit des engagements du nouveau gouvernement, le nombre de prisonniers incarcérés pour des raison d’appartenance à des minorités ethniques et celui des opposants politiques qui subissent l’emprisonnement et la torture, quand ce n’est pas l’exécution pure et simple, ne cesse d’augmenter.
Selon les organisations de défense des Droits de l’Homme, l’Iran détient au moins 900 prisonniers politiques ou objecteurs de conscience parmi lesquels près de 400 appartiennent à la communauté kurde.
Les organisations en question insistent sur le fait que la détention de la plupart de ces 27 hommes en grève de la faim, contrevient directement, à la suite de procès iniques, à l’exercice de leurs droits fondamentaux qui inclut la liberté d’expression et la liberté d’association. Dix de ces prisonniers ont été condamnés à la peine capitale sur la seule base de prétendues atteintes à la sécurité nationale.
Les conditions de détention des prisonniers politiques kurdes de la prison centrale d’Orumiyeh sont symptomatiques des conditions alarmantes en cours au sein de toutes les prisons d’Iran. Les atteintes physiques rapportées et les menaces de mort subies par les prisonniers constituent des violations évidentes des engagements pris par l’Iran au niveau national ou international parmi lesquels l’article 7 de la « Pacte Internationale des Droits Civiques et Politiques » qui interdit la torture tout comme les traitements cruels, inhumains ou dégradants.
« Ces prisonniers politiques kurdes essaient à travers leur grève de la faim de crier au monde entier qu’ils n’en peuvent plus de voir leurs droits bafoués » souligne Taimoor ALIASSI en tant que représentant à l’ONU de l’Association pour les Droits Humains au Kurdistan d’Iran-Genève. « Nous voulons, poursuit-il, qu’ils sachent qu’on ne les oublie pas et nous exigeons que les autorités iraniennes assument leurs responsabilités quant aux conditions de vie de ces prisonniers politiques et plus généralement, avec eux, de tous les prisonniers politiques »
En réponse à la grève de la faim qui continue au sein de la prison d’Orumiyeh, les organisations de défense des Droits de l’Homme et des Droits civiques, soussignées, somment le gouvernement iranien de :
a) Séparer immédiatement et sans condition les prisonniers de droit communs violents des prisonniers politiques au sein de la prison centrale d’Orumiyeh.
b) S’assurer que tous les prisonniers reçoivent bien les soins médicaux que leur état de santé nécessite,
c) Protéger tous les prisonniers de la torture et de tout autre traitement dangereux et dégradant,
d) Enquêter sur la situation de chaque prisonnier politique incarcéré à la prison centrale d’Orumiyeh en annulant les condamnations à mort correspondant à des délits qui ne constituent pas des crimes graves et en libérant immédiatement et sans condition tous les individus retenus en raison de l’usage, non violent, de leur liberté d’expression ou d’association.
Noms des prisonniers
Parmi lesquels les 10 condamnés à mort actuellement en grève de la faim : Mr. Sami Hosseini, Mr. Jamal Mohammadi, Mr. Behruz Alakhani, Mr. Ali Ahmad Soleiman, Mr. Saman Nasim, Mr. Sirwan Najawi, Mr. Ebrahim Eis Pour, Mr. Ali Afshari, Mr. Rezgar Afshari, and Mr. Mohammad Abdullahi.
Les 17 autres en grève de la faim également et emprisonnés pour des peines de prison s’échelonnant de 6 mois à 34 années de détention : Mr. Masoud Shams Nejad, Mr. Sherko Hasan Pour, Mr. Abdullah Bislnun, Mr. Yusef Kaka Mami, Mr. Osman Mostafa Pour, Mr. Mostafa Ali Ahmad, Mr. Abdullah Omumi, Mr. Wali Afshari, Mr. Kayhan Darwishi, Mr. Mostafa Dawoudi, Mr. Shursh Afshari, Mr. Khezr Rasul Merwat, Mr. Mohammad Abdullah Bakht, Mr. Amir Molladust, Mr. Ahmad Tamuy, Mr. Jafar Afshari, Mr. Reza Rasouli.
Les Signataires :
Roya Boroumand, Executive Director
Abdorrahman Boroumand Foundation
Kamran Ashtary, Executive Director
Arseh Sevom
Taimoor Aliassi, UN Representative
Association of Human Rights in Kurdistan of Iran-Geneva (KMMK-G)
Karen Parker, President
Association of Humanitarian Lawyers
Mansoor Bibak, Co-Director
Balochistan Human Rights Group
Dr. Shirin Ebadi, Founder and President
Center for Supporters of Human Rights
Raphaël Chenuil-Hazan, Executive Director
Ensemble Contre La Peine de Mort
Ibrahim Al Arabi, Executive Director
European Ahwazi Human Rights Organisation
Kamal Sido, representative
Gesellschaft für bedrohte Völker Deutchland,
Keyvan Rafiee, Director
Human Rights Activists in Iran
Mani Mostofi, Director
Impact Iran
Hadi Ghaemi, Executive Director
International Campaign for Human Rights in Iran
Lydia Brazon, Executive Director
International Educational Development, Inc
Jessica Stern, Executive Director
International Gay and Lesbian Human Rights Commission
Mahmood Amiry-Moghaddam, Executive Director
Iran Human Rights
Rod Sanjabi, Executive Director
Iran Human Rights Documentation Center
Shadi Sadr, Co-Director
Justice for Iran
Mahmood Enayat, Director
Small Media
Christoph Wiedmer, Director
Society for Threatened People Switzerland
Firuzeh Mahmoudi, Executive Director
United for Iran
Mohammad Mostafaei, Director
Universal Tolerance