Aadel Collection
The Most Threatened Man In France
Carlos est ar!êté, mais les tueurs iraniens continuent de traquer à Paris le chef des résistants au regime des mollahs ‘EST L'HOMME LE PLUS MENACE DE F Par la fenêt e son apparte ment parisien le docteur Ganji peut parfois observer les tueurs qui le guettent sous une porte cochère. Comme Salman Rushdie, le docteur Ganji, ancien ministre du shah, tombe sous le coup d'une fatwa de mort. Son crime : diriger depuis Paris la première organisation de résistance au régime des mollahs, Le Drapeau de la liberté. Hantées par le précédent de l'assassinat de Chapour Bakhtiar, les autorités françaises ont affecté six policiers à la garde permanente du doc- teur Ganji. Mais les tueurs iraniens sont capables de toutes les ruses. Pour leur échapper, le docteur Ganji mène une exis- tence d'homme traqué, dont notre collaborateur Olivier Varin conte ici les étranges aspects. (Le cas du docteur Ganji sera évoqué dans « Envoyé spécial «, le 13 octobre, sur France 2). fl I)RTÈ IRES MENT. r m 3 et 5 motorisations (1 essence dont le.2,5 TDI de n* (85 kw CEEI. Quelle que soit la masse transportée, la technologie de sa suspen- sion assure au véhicule une ]bsolument constante. De plus, la rale coulissante et la porte arrière sont disponibles chacune en 3 confi- -. Nous finirons sur un record, sa entre les passages de roues de n Ces quelquès chiffres tout à fait s nous amènent à une conclusion: on du Flot Ducato est une révolution omme, car sans lui, il n'aurait pu que le travail peut aussi être agréable. 1111! Vil n 2 c S cdt' , ° 2 7 ( Oc O1iv' yV U' flfl lI/APNJtD PlR MATCH / 19 GD001197
nest pas de vivre comme une qu'à ressentiel, la libération de l'Iran.» bête traquée qui lui coupe l'envie Comme Salman Rushdie, le «docteur» Ganji d'aller au restaurant. Seulement, — ainsi l'appellent sesproches par respect • quand Manoushehr Ganji, 63 ans, a pour ses diplômes de sciences politiques et envie de déjeuner dehors, son de droit international — a été frappé dune - - échappée relève de la stratégie. «Ils fatwa de mort prononcée par les ayatollahs. veulent ma peau, dit-il, je le sais, tout Grâce à ses correspondants à Téhéran, le le monde le sait. Mais je leur rendrai la tâc ! e docteur Ganji s'est procuré la note no 3472 difficile...» portant pourtitre: «ManoushehrGanji, an- U monte dans sa oiture bandée, aux vitres fij- cien ministre», que le procureur générai de la mées épaisses de 4cm, gardée dans un par- révolution islamique, Moussawi-Tabrizi, a king surveillé comme un coffre-fort. Une voi- adressée le 26 décembre 1371 de l'Egire, ture banalisée le suit. Les deux véhicules soit le 16mars 1993, et «Au nom de Dieu)), s'arrêtent brusquement devant le restaurant. au ministère de l'information et de la Sécu- Et seulement quand les quatre gardes du rité (Savamal. corps ont pris possessipn des quelques «A propos de cet homme qui habite à l'é n- métrescarrés de trottoir qui séparent la chaus- ger depuis le début de la révolution,qui agit sée de l'entrée, Ganji descend, c'est-à-dire plu- et complote contre la République islamique tôt se jette hors de son siège. Les policiers pr et l'Islam [ ‘L y est-il notamment écrit, nous tègentsa sortie, la main sur le «holster ”, le fil avons demandé l'avis de Son Eminence le d'un invisible talkie-walkie passé derrière Guide de la révolution islamique [ AIl .Khame- l'oreille. Une fois franchi e seuil encourant, neU. Et il a décrété: “Cet homme est apostat J Ganji peut enfin marcher normalement. et corrompu. Il doit être éliminé parce qu'il Il a fait réserver trois tables. Une pour lui, est l'ennemi de Dieu et de son Prophète. deux pour ses gardes du corps. Depuis l'as- [ ...IPour- protéger l'Islam et les musulmans, sassinat de Chapour Bakhtiar, six hommes du cette racine de corruptipfl devra être tran- G.p,p.n. (Groupe de protection de la police na- chée aussi tôt que possible afin d'en faire un tionale), entraînés par le Raid et dépendants du ministère exemple pour les autres.” [ ...I En conformité avec le dé- de l'lntérieur,lui sont affectés en permanence. Ils se re- cretdu Guide principal— Que Dieu l'aiten Sa sainte garde! laient pour suivre ses déplacements et ne le qustent que — le cufflculum vitae de cet homme t. .1 a été considéré au r lorsqu'il s'est claquemuréchez lui. Au restaurant, ils en- cours de la séance du Haut Conseil judiciaire des juristes treront les uns à reculons derrière lui, les autres, en avant- religieux. Après délibération, ils ont décidé, à l'unanimité, garde. Et se disposeront à leurs tables situées de part et que l'assassinat est requis. Le président de la République d'autrede façon à rendre impossible une attaque par sur- (Rafsandjani) a ordonné que, par l'intermédiaire de votre prise. Accessoirement, ils commanderont à déjeuner. Rien ministère, les fonctionnaires qui se trouvent à l'étranger J ne semblera lier ces trois- groupes de convives jusqu'à la devront recevoir la formation et les instructions néces- • fin du repas, quand Ganji fera signe au maître d'hôtel de lui aires afin d'exécuter ce décret. Ceux qui pourront exé- r -, apporter les trois additions. Le choix de l'établissement a cuter cet ordre de châtiment recevront, en plus de leur ré- - reposé sur des critères jamais abordés dans les guides cu- compense céleste, une rédompenSe financière - linaires: combien existe-t-il d'accès à la salle? Comment considérable... Bonne chance!)) Copie de la note est adres- s'ouvrent les fenêtres? Ce qui n'empêche pas cet Iranien, sée au ministère des Affaires étrangères, Pour assistance qui a passé le tiers de sa vie à l'étranger, de goûter, en dans l'exécution et transmission des ordres à ses repré- connaisseur, les finesses de la cuisine française... sentants à l'étranger», et au ministère des Gardiens de la ré- Depuis sept annéett.Manoushehr Ganji est assiégé en volution, ceafin qu'il choisisse le personnel qualifié et expéri- plein Paris par d'invisibles ennemis qui n'attendent que menté”. Au bas de la page, un post-scriptum rappelle aux l'occasion favorable pour passer à l'action. Sa marge de divers destinataires la nécessité de détruire «après achève- sécurité ne dépasse jamais quinze jours: il sait qu'après ment des actions, toutes les correspondances et docu- chaque attentat raté, après chaque prise de contact man- ments qui portent sur ce sujet)'. quée, lui sera accordé ce temps de répit qui correspond - pour les terroriste au temps de préparation d'un nouveau our Ganji, le juriste, la fatwa n'a aucune existence coup. La longueur de-ses vacances est aussi dictée par légale. Aucune loi nationale, explique-t-il, n'est les nécessités de cette stratégie. Ainsi, il lui arrive d'ac- - applicable en dehors des frontières. Elle n'a pas cepter des invitations chez des amis, à la campagne, mais davantage de fondement religieux. L'islam, dit-il, jamais plus de deux semaines et toujours en compagnie n'accorde à personne le droit de se substituer à de ses gardes du corps. Pour ne pas faire peur aux en- Dieu. lI ne reconnaît à personne le droit de dis- fants, et davantage encore aux parents, les hommes, en poser, à son gré, de la vie de ses semblables. plein soleil, ne quittent pas leun, este, qui cachent leurs Rien n'exaspère davantage le docteur Ganji que ces revolvers. Si on leur offre de plonger dans la piscine, ils se lettres que les intellectuels occidentaux envoient à Téhé- relaient pour garder les armes. ran pour implorer la levée de la condamnation à mort de t Aucun paysage n'est jamais tout à fait innocent pour l'auteur des ccVersets sataniques”. Demander l'abolition Ganji. Et ces rares départs chez des amis ressemblent • d'un jugement, c'est implicitement reconnaître sa validité. toujours à des expéditions secrètes. Il n'est qu'une seule façon moralementfondée, selon lui, Ses véritables congés, il les prend, chaque soir, au mo- de répondre à cette usurpation de pouvoir: mettre hors la ment de téléphoner à sa femme. Elle a choisi, pour des loi les lanceurs de fatwa. raisons de sécurité, de résider au Texas avec leurs deux Il existe un précédent juridique. Le 10 décembre 1984, la enfants. Il les rejoint cinq à six fois ar an. Le reste du Convention des Nations unies avait autorisé les Etats si- temps, il est seul. L'attention aiguisée parles exercices de gnataires à poursuivre, sur leur sol, toute personne ayant - tir, le corps affûté par une heure de gymnastique quoti- pratiqué ou cautionné un acte de torture. A la suite de cette dienne. Mais cette inquiétude permanente, cette sur- décision, en octobre 1993, le procureur général d'Aile- veillance écrasante ne lui font que mieux sentir I'impor- magne a essayé d'interdire au ministre de l'information et tance de sa mission. «Je vis comme un rat, dit-il. Un rat de la Sécurité iranien, le mollah AIl Falahiyan, alors en visite qui se faufile de trou en trou. Cela m'oblige à ne penser officielle, de quitter le territoire. Mais il n'a (suite page 22) A fliC AT U fl
(Suite de la page 20) pas été suivi par les pouvoirs publics... C'est que l'Allemagne est aussi le premier partenaire commercial de la République islamique. Elle achète environ la moitié de sa production, hors pétrole, alors que les Iraniens ont eux-mêmes augmenté leurs achats en République fédérale de 14 mil- liards de francs, l'année demière. En toute impunité, Ah Falahiyan a regagné l'Iran. Il a fallu moins de dix ans pour sceller le des- tin du docte4.lr Ganji. Après douze années d'études passées à l'université du Kentucky, aux Etats-Unis, à Genève, en Suisse et à Cambridge, en Grande-Bretagne, il a d'abord travaillé pour plusieurs grandes organisations internationales, dont la division des droits de l'homme du Secrétariat des Nations unies, à New York, et n'est rentré en Iran qu'en 1969, âgé de 38 ans, pour être nommé professeur de droit international à l'université de Téhé- ran. Doyen de la faculté de droit et de sciences politiques, il anime un groupe de ré- flexion présidé par la shahbanou. Il sera en- suite conseiller du Premier ministre Amir Ab- bas Hoveyda (exécuté par les islamistesl, et, à partir de 1976, ministre de l'Education, Ce qu'il restera pratiquement jusqu'au départ du shah, en jan- vier 1979, le temps de découvrir que les manuels scolaires ont déjà été remaniés par les religieux fondamentalistes, selon des méthodes aujourd'hui reprises en Egypte. Après le retour de Khomeyni, le docteur Ganji refuse la place d'avion que Farah Diba lui propose et doit, pour échapper aux pasdaran, emprunter toutes sortes de dé- guisements. Avec l'aide des communistes, il parvient cinq mois plus tard, en juin, à traverser à pied les montagnes qui séparent l'Iran de la Turqule. li peut alors se croire sauvé. A cette époque, le docteur Ganji ne songe qu'à refaire sa vie. Il s'installe aux Etats-Unis, à Spokane, dans l'Etat de Washington, et vit d'abord comme les plus modestes émi- grants, en déposant à l'aube les journaux sur les perrons des abonnés, avant de se voir attribuer, à l'université de la même ville, une chaire de droit et de relations internatio- nales, Puis, à Dallas, au Texas, il met ses tapis persans en caution pour ouvrir une boulangerie française baptisée avec ironie «Croissifnt royal», Il aurait peut-être fait fortune si, en 1985, Reza Pahiavi, l'héritier du shah mort cinq ans plus tôt, n'était venu le trouver pour lui demander de prendre en main un réseau de résistance basé à Paris. .Ganji, qui n'a cessé de donner des conférences, de té- moigner pour son pays martyrisé par le fanatisme en même temps que par la guerre avec l'Irak (elle fera 700 000 morts et 500000 invalides), ne met qu'une seule condition à son engagement, Il ne nouera aucun lien avec les hommes de Saddam Hussein. Le Drapeau de la li- berté qu'il a fondé dans la clandestinité, après l'arrivée des ayatollahs, avec deux amis, le Pr Elahi et Habib Mo- mayez, des hommes si proches qu'ils se surnomment les Trois Mousquetaires, est remis en activité. Pour Ganji, opposé aux méthodes violentes des Moudja- hidin du peuple, la résistance doit essentiellement repo- ser sur la diffusion des nouvelles. La désinformation est, àTéhéran, une affaire d'Etat. A l'intérieur du pays, le ré- gime a entrepris de s'attaquer aux antennes paraboliques qui permettent de recevoir les télévisions du monde en- tier. Mais, à l'extérieur, il ne reste pas inactif. Téhéran, malgré ses rapports tendus avec les Etats-Unis, a pu acheter une chaîne de télévision câblée à Los Angeles, un journal à Washington, «Iran Khabar». Même chose en An- gleterre, Où les mollahs possèdent une maison d'édition, Anvari, installée â Londres. Le but de Ganji est, d'abord, de lutter contre ce lavage de cerveaux international et de faire découvrir au citoyen iranien la réalité qu'on veut lui cacher. Les principes de la résistance passive, de l'ac- tion politique en même temps que des no- tions de droit constituent la matière des émis- sions radio pirates diffusées depuis l'étranger. Des cassettes vidéo sont aussi largement distribuées et circulent sous le manteau. Des tags, des slogans détournés fleurissent sur les murs de la capitale iranienne. Quels que soient les efforts des mollahs, la technologie médiatique moderne offre au docteur Ganji un champ d'action infini, Il inonde l'Iran de fax, «C'est une invention formidable, explique-t-il. Il n'y a aucun moyen de contrôler un fax ni de le filtrer. Ou alors il faudrait interdire leur utlli- sation dans tout l'Iran, mais comment? Au- jourd'hui, les entreprises, la Bourse, les banques, les ministères pourraient-ils fonc- tionner sans l'outil de communication le plus rapide et le plus efficace? Leur économie est déjà suffisamment en déroute..., Ils sont condamnés à posséder des fax et à recevoir notre littérature. Nous avons déjà relevé 5000 numéros dans les annuaires et les jour- naux —dont ceux de Rafsandjani 1199821 64 68 549), de Khamenei (même indicatif suivi de 6460 054), et, avec•nos cent vingt machines, nous les abreuvons de 15000 à 20000 pages par mois. Certains doivent immédiatement les jeter à la corbeille, mais beau- coup d'autres les photocopient pour les disséminer en- ‘suite, discrètement,» Ainsi sont organisés manifesta- tions et mouvements de grève. Ainsi le nom de Ganji, ou de son mouvement, de plus en plus souvent pris pour cible par la presse gouvernemen- tale, s'est retrouvé, par défi, inscrit sur un nombre non né- gligeable de bulletins de vote lors de la dernière consulta- tion électoralé. Ce n'est pas le genre de victoire que pardonnent les ayatollahs. , S elon Amnesty International, il y aurait eu, depuis• sept ans, 50 000 exécutions capitales en Iran. Les méthodes d'exécution renvoient aux temps les plus barbares. Des hommes sont précipités du haut de ravins, des femmes lapidées avec des pierres aux dimensions codifiées (avec des pierres de 9cm, la mort est trop rapide; avec celles de 3 cm, les plaies ne sont que superficielles; la règle impose des cailloux deS à 6cm, qui tueront mais lentement...). Ces peines barbares de précipitation, lapidation, amputation, fla- gellation sont officiellement inscrites dans le Code pénal de la République islamique. Mais il est un crime qui n'y figure pas et, pourtant, entraîne la condamnation à mort immé- diate et sans jugement: celui d'être démocrate. Ganji l'a compris dès 1987, alors qu'il avait repris la tête du Drapeau de la liberté depuis un an. Son ami, le poète Namvarazad lui avait parlé d'une nouvelle adepte. Une championne iranienne de kung-fu qui proposait d'organi- ser des cellules de résistance dans les milieux sportifs. Ganji lui donne rendez-vous à Paris, au bar de l'hôtel Ibis, à la Défense. «Elle était très, très belle», concède-t-il. A Téhéran, on sait qu'il vit seul à Paris... Et la championne lui annonce avec ingénuité qu'elle ne sait pas où passer la nuit... C'est que la République islamique, qui lapide les femmes adultères, n'hésite pas à employer des prosti- tuées pour les besoins de sa cause I Par instinct de survie s ns doute, Ganji s'esquive. Aussitôt la nouvelle recrue disparaît. Elle s'évanouit dans la nature, ensuivant le prin- cipe des tueurs iraniens — constamment appliqué — selon lequel on n'insiste jamais quand un scénario a échoué. Quatre ans plus tard, en 1991, Chapour Bakhtiar est as- sassiné à Suresnes. L'autopsie prouvera (suite page 26) DOCUMENT PARIS MATCH n 22 n
(Suite de la page 22) qu'avant d'être lardé de coups de couteau, l'ancien Premier mi- nistre est mort d'un seul coup de tranchant de la main sur la pomme d'Adam. Les tech-. niques de combat venues d'Asie sont une des armes favorites des tueurs de Téhéran. Au début des activités du Drapeau de la li- bérté, deux hommes avaient été chargés de la mise en place des cellules d'action et de leur suivi sur le terrain. Cyrus Elahi, un des «mousquetaires», ancien professeur de sciences politiques, et le colonel Ataullah Bayahmadi. A la fin de l'année 1988, le colonel apprend qu'un de leurs hommes de liaison, Hamid Amir-Ansari, un ingénieur de 46 ans, ainsi que dix-sept des chefs de cel- lules, ont été arrêtés à Téhéran et emprison- nés à la tristement célèbre prison d'Evin. Mais tout s'achète à Téhéran, et il ne désespère pas d'obtenir leur libération. Un matin, il reçoit un coup de téléphone de l'ingénieur. Pendant la conversation, des bruits de fond domes- tiques laissent penser qu'il est enfin sorti de prison. ((Nous avons un ami sur place, ex- plique brièvement Amir-Ansari. Il est auprès de moi. J'aimerais que tu entendes sa voix afin de la reconnaître plus tard. Parce qu'il te rappellera et viendra te voir.>' En effet, le colonel est une nouvelle fois contacté par l'»ami». Il prend alors rendez- vous avec lui, à Istanbul. Le délégué du Drapeau en Tur- qule, Abbas Gholizadeh, assurera sa protection. fl a prise de contact est plutôt bonne. L'homme n'est J pas barbu, seulement moustachu, ce qui offre une j première garantie. Il porte aussi une chemise de j couleur et non pas les habituelles chemises I J blanches des intégristes, Enfin il raconte sa vie, sa _ déception à l'égard du régime autocrate, Il dit avoir Jcompris que les hommes qui gouvernent l'Iran sont corrompus. C'est la raison pour laquelle lIa décidé de re- joindre Ganji, dont il admire l'honnêteté et les principes dé- mocratiques, Il emmène e colonel dans une boîte de nuit, fait étalage de familiarité auprès des entraîneuses, se soûle à la vodka. Et cite les noms des dix-huit résistants emprisonnàs à Evin. Le colonel pâlit, il sait maintenant que l'un d'eux a parlé. Mais aussitôt son interlocuteur ajoute qu'il va lui montrer ce dont il est capable: rien moins qu'ob- tenir leur libération. II lui faudra seulement un peu d'argent qu'on pourra, d'ailleurs, lui remettre par la suite. Les trois hommes se laissent photographier comme il est d'usage dans ces endroits, et leur invité achète le Polaroid qu'il met dans sa poche. «En souvenir», dit-il. Deux mois plus tard, le colonel reçoit un nouveau coup de téléphone. Cette fois, pour l'informer que les prisonniers sont libres, exceptés Amir-Ansari et une jeune femme, ancienne élève du Pr Elahi. On lui demande 15000 dollars (moins de 1 francs). Le colonel s'assure que l'homme a dit vrai. Les seize membres du réseau sont bien rentrés chez eux, Il fixe alors à son interlocuteur un nouveau rendez-vous, cette fois à Dubayy, où le Drapeau n'a aucun correspondant pour assurer sa protection. «Il faut que le docteur Ganji vienne aussi», insiste l'homme. Le colonel répond : «Bien sûr», mais il sait que le docteur ne se déplace pas aussi facilement, et il trouve déjà sus- pect qu'un autre de ses contacts, l'ingénieur Tofighi, ait également insisté pour que Ganji soit du voyage, suggé- rant qu'il pourrait faire escale à Dubayy en se rendant à Karachi, où le ministre de ‘Intérieur le réclame. Le colonel part seul, équipé de son gilet pare-balles. II est arrivé à Dubayy le 4juin 1989. lI s'est rendu directe- ment à son hôtel. A 8h 30, le lendemain, une femme de chambre a ouvert la porte de sa chambre avec son passe. 26 Elle l'a découvert, étendu dans une mare de sang. Il avait été tué de deux balles dans la tête le jour même où, à Téhéran, s'éteignait l'ayatollah Khomeyni. Deux heures et demie après la découverte du corps, deux Iraniens ar- rivés la veille embarquaient pour le vol en di- r tion de Téhéran. Saïd Sassan Mohrabi et H j Hassan AkbarAraï Kabiri, alias Ascandari Javad Mashdi, l'homme jovial aimant l'alcool et les femmes avec qui le colonel avait ren- dez-vous et qu'il avait déjà rencontré à Istan- bul. Kabiil se targuait de faire libérer les résis- tants du Drapeau, Il est le directeur même de la prison d'Evin. On peut le joindre au 199821 849998. Le jour même de la mort du colonel Bayah- madi, les seize résistants, d'abord libérés, ont retrouvé leur cellule. Amir-Ansari et deux de ses compagnons seront exécutés. Pour Ganji, c'est une catastrophe. Mais en perdant son ami et collaborateur privilégié, il prend toute la mesure du danger, il décide alors d'engager un garde du corps profes- sionnel. Chaque soir, il changera de rési- dence. Il devient sans doùte l'homme au monde... qui connaît le mieux les hôtels de Paris. Ses informateurs, aussi,, sont de plus en plus vigilants. En octobre 1990, les services de sécu- ‘ri'té occidentaux apprennent que des commandos de la section ‘intemationalé des Gardiens de la révolution ont transité par l'aéroport d'Ankara pour se scinder ensuite en ‘direction de Paris, Francfort et Vienne. Ils ont perdu leurs traces, mais' il n'est pas difficile de deviner leur destina- tion. Ganji fait partie des cibles. Comme' on le lui conseille, il quitte Paris pendant quelques jours. Ses collaborateurs continueront le travail à sa place. Le 23octobre 1990, vers,9 h 30, le Pr Elahi s'apprête à sortir de son immeuble, 8, rue Antoine-Bourdelle, dans le XV arrondissement, Il ne.traversera jamais le hall. II y est abattu par six balles de 7,65 tirées dans la tête. Un re- volver tchécoslovaque est abandonné dans le sous-sol de l'immeuble. Le professeur a défendu sa vié. Les mé- decins découvriront des traces de peau sous ses ongles. ‘dUi, et déférés devaotJ ju UiérêEun d'eux est m'yii Dé' ans le meu diahi.» e ime avait un aqenttrés.bj njjlacé al.LQ,ra- :.i, , :, ,,,, Cet anai t oourrnit Atra_le peauoeia -- . - que le docteur avait enqacié queIpue ojsavantla,rnort de son ami . Après l'assas- sinat d'Elahi, Ganji avait fait inscrire t5T.is ses collabora- teurs à des cours de sécurité. Comme les autres, le chauffeur été soumis au détecteur de mensonges. A la question de routine: <‘Pourquoi veux-tu assassiner le docteur Ganji?» tous lês voyants de la machine se sont allumés montrant qu'il était sous le coup d'une forte émotion. Pour Ganji, l'explication n'était (suite page 99) ï I' . I DOCUMENT PARIS MATCH n
(Suite de la page 26) que trop claire. 111e chasse, embauche trois gardes du corps et proscrit la moindre habitude. Aujourd'hui, le chauffeur iranien tient une pizzeria à Los An- geles. Ces deux assassinats à un an d'intervalle au- ront une conséquence inattendue: faire com- prendre à la diaspora iranienne l'import- ance de l'action menée par le Drapeau de la liberté. Si les mollahs sont informés sur les mouve- ments de Ganji, les agents du Drapeau le sont aussi, de mieux en mieux, sur les leurs, sur le degré de corruption, la cote fluctuante des di- verses factions au pouvoir, la lutte des clans, les filières terroristes, les rencontres secrètes entre dirigeants occidentaux et iraniens, et même sur certains liens «contre nature» noués entre des services spéciaux occiden- taux et les commandos de pasdaran. Et c'est ainsi que le 1°' août1991 le docteur Ganji est le premier à apprendre que les tueurs de Té- héran se sont une nouvelle fois, mis en route avec quatre cibles: le fils du shah, Reza Pah- lavi, qui séjourne dans le sud de la France; l'ancien Premier ministre, Chapour Bakhtiar, l'ancien président, Bani Sadr, et lui-même. Malgré son manque de sympathie pour Bani Sàdr, «cet in- tégriste qui a baisé publiquement la main de Khomeyni», il le prévient lors d'un entretien dont Bani Sadrtémoignera sur Antenne 2. Puis il téléphone à Suresnes, où vit Bakh- tiar depuis qu'il a été l'objet d'une tentative d'assassinat boulevard Bineau, à Neuilly, qui a fait deux morts, Il ex- plique ses craintes à Sorouch Katibeh, le secrétaire. A-t-il transmis la mise en garde ou non? Le 6 août. l'homme de garde voit entrer trois visiteurs. p armi eux, il reconnaît un familier de la maison, ami de Bakhtiar, Fereidoun Boyer-Ahmadi. Lorsque ce demier ressortira avec ses camarades, Ah Vakili Rad, 32 ans, et Mohammed Azadi, 31 ans, Bakh- tiar et son secrétaire auront été assassinés, Les C,r,s, postés à proximité, et chargés de leur pro- .tection, ne découvriront leurs corps que deux jours plus tard. Alors, la secrétaire de Ganji se souviendra avoir rencontré ce même Boyer-Alihiadi. Il l'avait longue- ment interrogée sur l'organisation du Drapeau. Six mois plus tard, le 24février1992, Zeyal Sarhadi, membre de l'am- bassade d'Iran en Suisse, est extradé vers la France sous l'inculpation de complicité avec les assassins de Bakhtiar. : Ganji apprendra qu'à Téhéran Rafsandjani se vante de pou- voir le faire sortir quand il le veut des prisons françaises, où, à ce jour, il attend toujours son jugement. C'est l'assassinat deBakhtiar qui, pour le ministère de l'In- térieur français, va faire de Ganji l'homme à protéger. Dès lors, six agents du G.p.p.n. sont affectés à sa sécurité. Leur effectif est augmenté les jours de dangers particu- lièrement signalés. Même la voiture blindée n'est jamais • laissée sans surveillance. Elle pourrait être pié ée, «Je crois que ce sont les meilleurs gardes du'corps du monde, dit Ganji. Ils sont intelligents, bien élevés, disci- plinés et reçoivent une formation permanente. Quand • l'iran sera libéré, j'espère bien pouvoir exprimer ma grati- • tude envers la France.» Si Ganji se sent protégé, autour de lui l'hécatombe conti- nue. Les assassinats s'enchaînent aux trahisons. Per- sonne n'est fiable, Il suffit de quelques mois pour qu'un ami se transforme en assassin et un ennemi repentant, en victime. La radio clandestine du Drapeau de la liberté diffuse, de- puis 1988, une émission disco qui connaît un grand succès auprès des jeunes Iraniens, à qui les mollahs interdisent d'écouter de la musique moderne ou étran- gère, Elle était animée chaque semaine par une vedette iranienne, Fereidoun. Farokhzad, qui venait tout exprès pour l'enregistrer de Bonn, où il était exilé. Cet acteur-chanteur de 50 ans est aussi connu à Téhéran que Michel Drucker en France. Après quatre années de loyale collaboration, Ganji est prévenu par la cellule de la capitale allemande que Farokh- zad a été retoumé: il entretient des relations régulières avec les diplomates de l'ambas- sade iranienne, On lui donne les noms d' AIl Gholami, Jàvad Ghodsi, Mortezah Rahmani Movahed, Faridzadeh, qu'il retrouve dans un café italien de la ville, Lorsque l'animateurar- rive à Paris pour son enregistrement, Ganji le convoque et lui cite ces noms. Farokhzad s'effondre. Sa mère et sa soeur, explique-t-il, sont restées en Iran et on no lui a pas laissé le choix. Il avoue quon liii a aussi proposé de l'argent pourexécuter une mission: attirer en Allemagne le nouveau bras droit de Ganji. Mais il jure de rompre avec ses contacts. La cellule de Bonn vérifie: elle découvre facile- ment qu'il ne tient pès parole et, en février 1992, Ganji sesépare définitivement de son animateur vedette. Cinq mois plus tard, Farokh'zad est assassiné au couteau à son domicile, Ses voisins ont entenduses cris, mais ne sont pas intervenus. Parce quil n'àvait pu remplir ses en- gagements et ne servait plus à rien, le (suite page 101) Prénom Nom N et Code postollLocalité Western Life VPC 6, nie Frédéric Chopin 6711 a Geispolsheim-Gore 88.66.14.06 • Fux 88.67.16.33 3.08. ‘t t: t, . • _,;.. . I— S. ‘ÀUX.. S DE: NrrE. '. 1994. bùleu'x :‘ ies :ati 1l nous' ..-‘‘ lin.,. rtéresse .‘latiallé 'e ‘rémparts d'Arabie au catégorie . ie détaiIlé) t r r___ DOCUMENT PARIS MATCH ( 7
(Suite de la page 99) chanteur a été liquidé. En guise de Te Deum, la chaîne de la Répu- blique islamique à Los Angeles diffuse un portrait du disparu. On le découvre sous une apparence surprenante pour un crooner: mal habillé, portant la barbe et se disant ferme partisan du régime de Khomeyni. En Turquie, Abbas Gholizadeh, le délégué du Drapeau qui assurait la protection du colonel à sa première rencontre avec Kabiri, et qui avait posé devant le Polaroid dans la boîte de nuit d'Istanbul, est assassiné quelques jours après Noél 1992. Une fois de plus, le piège avait été tendu pour Ganji par un Iranien qui se disait prêt à organiser des grèves dans le secteur pétrolier. Ses références étaient ex- cellentes et il lui fallait absolument, avant de passer à l'action, rencontrer le chef du mou vement. Très alléché, Ganji aurait sans douté fini par accepter si, dans le même temps, Gholizadeh ne l'avait averti qu'il se sentait suivi. Avec un ami sportif, le correspondant du Drapeau réussit à circonvenir les deux agents de la République islamique à ses trousses, Il les défère devant la police locale. Aussitôt commencent les menaces télépho- niques. ((Si quelque chose leur arrive, lui dit- on, tu seras tué. » Dix jours plus tard, sansdoute faute de preuves, les Iraniens sont libérés. Le 28décembre, dans l'après-midi, Gholizadeh va chercher sa femme à l'hôpital où elle a subi une intervention chirurgicale. Sur le trottoir, des hommes surgissent, l'attaquent à la bombe lacrymo- gène et le forcent à monter en voiture, après avoir poussé. la femme sur la chaussée enneigée. Une longue enquête permettra, seulement un an plus tard, de retrouver les fossoyeurs turcs payés pour enterrer son cadavre. On sait maintenant qu'il a été tué quinze jours après l'enlèvement et qu'ila été torturé. «Je suis un démocrate, dit Ganji, et je suis victime de ce qu'il y a de plus dictatorial au monde. Tous mes amis morts étaient des démocrates. La fatwa est l'expression de ce que la théocratie a de plus inacceptable, mais, en même temps, elle justifie mon combat, elle sanctifie mon rôle.>) Il n'y a pas un moment de répit pour le docteur Ganji. Les moments de bonheursont les plus dangereux, car ils endorment la vigilance. En août dernier, Darab, son fils, a épousé Azir, princesse et nièce du shah. Ils se sont rencontrés pendant leurs études à Paris. Pour Ganji, c'est à la fois un événement surprenant et paradoxal. / epuis son départ des Etats-Unis, Ganji croyait / avoir pris ses distances avec la bonne société J j iranienne, qui, selon lui, se retrouve trop souvent H I I dans les pages mondaines des magazines. Lui I .1 qui refuse de ranger son mouvement parmi les J J organisations monarchistes, estimant qu'une fois libéré l'Iran devra choisir démocratiquement la forme de son destin, il voit son fils entr r dans la fa- mille impériale, devenir le cousin germain'par alliance de l'héritier de la dynastie... Mais alors qu'il devrait être ac- caparé par les préparatifs de la cérémonie, alors qu'il s'apprête à recevoir la shahbanou, dont il a dirigé le conseil privé pendant dix ans, il est obsédé par les vi- sages des deux tueurs qui, une fois de plus, ont été lan- cés à sa poursuite. Une fois encore, il doit l'information à quelques amis bien placés qui lui ont communiqué les photo des agents en- gagés parles mollahs. Un homme et une femme qui vien- dront d'Allemagne. Il a fait reproduire les clichés en mul- bples exemplaires et les a distribués à ses collaborateurs et à ses proches Il les a aussi collés sur les portes de son bureau au point que, désormais, ces visages font partie de sa vie. Depuis six ans qu'il vit én France, c'est, à sa connaissance, la dixième fois qu'on essaie de l'assassiner. La méfiance est deve- nue sa seconde nature. Lorsqu'il éprouve le besoin inconscient de s'évader de sa prison forcée — imposée par les nécessités de la sécurité — en regardant par la fenêtre, il prend instinctivement le soin de se poster dans l'embrasure, protégé par l'angle de la façade. Jamais il ne viendrait à l'idée de Ganji de se poster face à la rue, comme une cible, même si, comme c'est le cas ce 27août, il attend l'arrivée des siens qui logent dans un hôtel voisin. Au lieu des si- houettes familières, cet après-midi-là, Ganji a vite repéré f homme qui, dans la foule, n'apas la conduite d'un passant ordinaire, Il lui suffit de saisir ses jumelles, toujours à portée de main, pour identifier formellement le tueur de la photo punaisée sur la porte. L'homme se faufile, avec cette démarche que Ganji connaît bien et qui consiste à se déplacer en fonction des abris éventuels Il se postesous une porte cochère. Alors que le rythme cardiaque de Ganji, gibier d'une infernale partie de chasse, s'accélère, le téléphone retentit. Sans quitter de vue l'homme dissimulé en face de chez lui, il décroche. C'est Darab, son fils, dont le langage précipité montre.qu'il est, lui aussi, sous le coup d'une forte émotion. «Papa, dit-il, la femme de la photo, je l'ai (suite page 102) LE n n t e I .1 :4 il À 1 ' n r., r, n A r-,, n— an n, , , sa n-r.'—”, r CHEZ CITROÉN DU 1 SEPTEMBRE AU 30 OCTOBRE 15F DE REPRISE SUR CHAQUE VIEUX BALAI D'ESSUIE-GLACE POUR TOUT ACHAT D'UN BALAI NEUF
insi, les deux chasseurs sont là, aux fl aguets, ils attendent la faute qui leur ‘ j ' permettra de passer à l'action. Cette I k' faute, ce peut être le mariage qui obli- .‘— gera le père du marié à paraître en pu- ‘.blic, à oublier ses ruses, à mettre en éserve sa méfiance, Ganji appelle ses gardes du corps. Comme des chats, les hommes se coulent hors de la maison. Mais ils ne parviennent pas à échapper à l'attèn- tion de celui qui observe, dont toute la vigi- lance est accaparée par les mouvements de cette rue calme. Le guetteur s'éloigne vers l'avenue avant qu'ils ne soient arrivés à sa hauteur. C'est au tour du chasseur de se sentir chassé, Il se faufile dans la foule, devenue plus dense. Les policiers, lancés à sa poursuite, l'aperçoivent qui met la. main dans un sac. Ils dégainent. Mais l'homme se.ravise, court, zig- zague entre les passants et disparaît au premier carrefour, où, sans doute, une voitUre l'attend. De sa fenêtre, Ganji voit ses gardes du corps revenir bredouilles. Tout est à re- commencer, Il essuie son front moite. On a appris, depuis, que la femme reconnue par Darab était soupçonnée parla police éllemande de complicité dans le meurtre du chanteur Farokhzad. Mais un simple soupçon ne suffit pas à empêcher'de nouveaux crimes. Libre, elle peut en toute impunité continuer à agir aux bénéfices rie la République islamique. Nul mieux que les dictatures ne sait utiliser les bienfaits de la démocratie, comme le principe de présomption d'innocence. Et l'impitoyable traque des ré- sistants du Drapeau de la liberté continue. A ce jour, la secrétairedu docteur Ganji a renoncé à son com- bat plutôt que de trahir ses convictions. Elle avait été l'objet de menaces contre sa famille restée en Iran. Etd ,ppmbreux loir rencontrer personnellement le docteu ji... un certain a ram strabadi, qui, du Da- nemark, lui adresse depuis plus d'un an ses offres de ser- vice mais que Ganji sait «cornaqué» par le «diplomate» Chapour Shahrokhi Sadr. (Par exemple, un intermédiaire florissant qui a fait fortune _ / / ia resrstance / f 'officiers iraniehs, qui se disent «ré- fugiés» en Allemagne,ffont étalage d'armes, d'argent et d'informations et vont jusqu'à montrer des cassette vidéo où sont filmées de soi-disant exécutio ,s de tortionnaires. ‘«Plus ils veulent me ç iéger, plus ils me font des propositions alléchantes» dit Ganji.Et .derrière toutes ces tentatives de séduction, toujours le même commanditaire, l'ambas- sade de la République islamique à Bonn, et plus. particulièrement le bureau d'Aï Gho- ami, le haut fonctionnaire désigné comme le contact du chanteur Farokhzad et èomrne le commanditaire des assassinats de.Sadegh ‘Sharafkandi et de ses trois alliés kurdes ira- niens dans l'arrière-salle du restaurant My . konos, à Berlin, le 17septembre 1992T' Aucun moyen mis en oeuvre ne semble trop gros à ceux qui veulent attraper Ganji. «Je té- léphone de la part du président Rafsandjani», lui a récemment annoncé, sans hésiter, un ancien enseignant de l'université de Téhé- ran, Ahmad-Ali Ansari. Après avoir géré, et de la façon la plus contestable, la fortune du prince Reza, Ansari est retourné à Téhéran, où il a fait oeuvre d'allégeance en publiant des Mémoires favorables aux ayatollahs. «Le président Rafsandjani, explique-t-il à Ganji, propose que vous rentriez en Iran pour créer un co- mité des droits de l'homme,,,» Ce Rafsandjani que cer- tains experts occidentaux décrivent comme «modéré» est celui qui e publiquement déclaré: « Pour tout Palesti- nien tué, il faut tuer quatre Américains, quatre Anglais et quatre Français.» Et Ansari explique: «Organisons un ren- dez-vous secret, sans mettre au courant ni les Français, ni les Américains, ni personne,,, » Un officiel autrichien confie: «Aucun pays ne veut s'en- combrer de terroristes dans ses prisons. Une condamna- tion à quinze ans d'emprisonnement pour un tueur de Té- héran équivaut à quinze années de risque d'attentats.)) A ce jour, les tueurs de Téhéran ont éliminé soixante-quatre de leurs opposants en exil. Pourtant, Ganji reste convaincu que la course de vitesse, engagée depuis quinze ans, n'est pas perdue, lia le souffle long et la ténacité d'un maratho- nien: La poignée de main historique e'ntre Arafat et Rabin lui a donné des ailes. Elle arrache aux mollahs un de leurs arguments essentiels, et signifie, à terme, la fin de leur in- fluence sur le monde musulman. Pour combien de temps encore la section des Gardes révolutionnaires spécialisés dans les exécutions à l'étranger pourra-t-elle porter le titre de Ouds Force, l'armée de Jérusalem?. o y DOCUMENft PARJS MATCH I DROIT DE REPONSE ‘ D'autre part, le texte de notre cérémonie de mariage est accessible « lI est inexact que l'Eglise de scientologie soit intervenue dans le à tous: il contient uniquement, comme cela est logique, un engage- mariage de Lise-Marie Presley et de Michael Jackson, ou qu'elle ait ment des époux vis-à-vis d'eux-mêmes. La Scientologie propose une un quelconque intérêt dans cet événement, voie d'amélioration spirituelle; par son application, la personne de- Nous considérons le mariage, quelles que soient la notoriété et la vient plus consciente et donc plus libre, plus apte à faire face, par elle- religion de ses protagonistes, comme une affaire strictement pri- même, à la vie; elle recouvre progressivement ses aptitudes spin- vée, C'est un des principes de la Sdientologie cjue de respecter tuelles; à ce titre, et bien qu'étant une religion récente (seulement l'autonomie de l'individu et c'est même l'un de ses buts que de la quarante ansl), elle est déjà considérée comme une religion authen- renforcer: cela est facile à vérifier en consultant l'es textes fonda- tique dans la plupart des pays où elle se développe. Par une décision mentaux de Scientologie et en rencontrant directement des scien- de l'Internai Revenue Service (fisc), datée du 1 ' octobre 1993, le gou- tologues; et ce principe est valable aussi bien pour les célébrités vernement américain a reconnu — après des années d'enquêtes ap- dont vous citez le nom que pour les millions de fidèles que compte profondies — le caractère non lucratif de la Scientologie et son carac- l'Eglise de scientologie dans le monde. tère authentiquement religieux.)) Eglise de scientologie de Paris J (Suite de la page 101) vue!» Darab marchait avec sa soeur quand il a aperçu le visage de la tueuse assise sous un abri d'autobus. La per- nique ‘dont elle s'est affublée ne les empêche pas d'être tous les deux formels. Se sentant observée, elle s'est d'ailleurs tournée vers une vitrine, en faisant mine d'examiner sa coiffure. (C'est aussi le moyen le plus commode d'ob- server en toute tranquillité dans le reflet d'une vitrïne.l Puis, après avoir fait mine d'ajuster sa tenue, elle s'est éloignée précipitamment pour s'engou'ffrer dans une bouche de métro. dans le'commerce ave ‘ ‘ n Ahma J y punie et ui va ii sq ) ‘à.p ,ffrj sa r, ‘j 102 j